Les gouvernements du monde entier sont de plus en plus préoccupés par la durabilité et font pression sur de nombreuses industries pour qu’elles réduisent leur empreinte carbone et contribuent à construire une économie plus verte et plus éthique.
L’industrie des télécommunications est très dépendante de l’énergie et, ces dernières années, l’accent a été mis principalement sur l’innovation technologique en matière de vitesse et de connectivité. Avec une prise de conscience croissante du changement climatique et des attentes croissantes des parties prenantes, les entreprises de télécommunications adoptent des objectifs de réduction des émissions plus ambitieux et mettent en œuvre des stratégies ESG globales.
L’importance de l’ESG dans l’industrie des télécommunications
Les principes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont essentiels pour que le secteur des télécommunications puisse fonctionner de manière responsable. Les entreprises de télécommunications doivent mettre en œuvre des stratégies ESG globales pour réduire les émissions dans l’ensemble de leurs opérations et de leurs chaînes d’approvisionnement, adopter des pratiques commerciales durables et fournir une connectivité abordable qui élève les communautés. De solides performances ESG permettent également aux entreprises de télécommunications de répondre aux attentes croissantes de leurs parties prenantes, de se conformer à des réglementations plus strictes, d’attirer des investisseurs à long terme et de renforcer leur résilience face aux impacts du changement climatique.
Dans une étude récente de Mélita, il a été clairement précisé que l’ESG n’est plus seulement un exercice de cases à cocher. Les entreprises de télécommunications sont désireuses d’apporter des changements avant les nouvelles modifications réglementaires de l’UE qui imposent aux organisations la responsabilité d’en faire davantage.
ESG et le Greenhouse Gas Protocol (GHG Protocol)
Le Protocole sur les gaz à effet de serre (GES) est un cadre important qui aide les entreprises à mesurer et à gérer leurs émissions de gaz à effet de serre. Il a été développé grâce à un partenariat entre le World Resources Institute et le Conseil mondial des entreprises pour le développement durable. Le GHG Protocol classe les émissions en trois catégories en fonction de leur source :
- Le scope 1 couvre les émissions directes provenant de sources détenues ou contrôlées telles que la combustion de carburant et les véhicules de société.
- Le scope 2 prend en compte les émissions indirectes liées à l’achat d’électricité, de chauffage et de refroidissement.
- Les émissions de type 3 sont toutes les émissions indirectes tout au long de la chaîne de valeur de l’entreprise, notamment les biens achetés, les voyages d’affaires, l’élimination des déchets, les investissements, etc.
Le GHG Protocol fournit des normes, des outils et des lignes directrices pour aider les entreprises à élaborer des inventaires complets de GES à l’échelle de l’entreprise. Il permet une mesure et un reporting cohérents des émissions sur tous les périmètres, ce qui est crucial pour la définition des objectifs, l’analyse comparative et la divulgation. La méthodologie permet d’identifier les sources d’émissions à fort impact afin de prioriser les opportunités de réduction.
L’adoption du GHG Protocol est une étape importante pour les entreprises qui cherchent à améliorer leurs performances en matière de durabilité environnementale.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre
L’un des domaines clés du secteur des télécommunications est la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’ensemble des opérations et des chaînes de valeur des télécommunications. L’écosystème des technologies de l’information et des communications (TIC) représente actuellement 2 à 3 % des émissions mondiales de carbone. Les infrastructures de télécommunications telles que les centres de données, les réseaux et les tours dépendent fortement de l’électricité, ce qui contribue de manière significative aux émissions. Les émissions de la chaîne d’approvisionnement liées à la fabrication et au transport des équipements de télécommunications font également l’objet d’une surveillance croissante.
Les principales entreprises de télécommunications se sont engagées à atteindre zéro émission nette d’ici 2040-2050. Cela implique de minimiser les émissions liées aux opérations internes, à l’approvisionnement en énergie et de permettre aux fournisseurs de réduire leur empreinte carbone. L’approvisionnement en énergie renouvelable via des contrats d’achat d’électricité est une approche courante, tout comme l’amélioration de l’efficacité énergétique des réseaux grâce au déploiement de la 5G et de la fibre optique. L’adoption du cloud et la virtualisation des réseaux sont d’autres mécanismes permettant d’optimiser la consommation d’énergie.
Des solutions innovantes telles que l’allocation dynamique des ressources basée sur l’IA, le déplacement du trafic vers des périodes plus vertes et la mise en veille des stations de base pendant les périodes de faible trafic contribuent à réduire davantage les émissions. Les entreprises de télécommunications explorent également les piles à combustible à hydrogène, les batteries lithium-ion et d’autres alternatives propres à l’alimentation de secours. Les partenariats avec les fabricants d’appareils pour améliorer l’efficacité et la recyclabilité gagnent également en importance.
Piloter l’économie circulaire
La transition vers un modèle d’économie circulaire est une autre priorité pour réduire les émissions tout au long du cycle de vie des produits. Les entreprises de télécommunications ont traditionnellement suivi un modèle « prendre-faire-gaspiller » dépendant de ressources limitées. L’attention se porte désormais sur des systèmes en boucle fermée où les produits et les matériaux sont partagés, loués, réutilisés, réparés, remis à neuf et recyclés.
Les stratégies comprennent un recours accru aux matériaux renouvelables et recyclables, la promotion de programmes de reprise des appareils, la possibilité d’une utilisation dans une nouvelle vie grâce à des mises à niveau logicielles et la dématérialisation des réseaux en remplaçant les infrastructures physiques par des plateformes numériques. Ces approches réduisent l’empreinte carbone liée à la fabrication de nouveaux produits tout en extrayant de la valeur des actifs existants.
Fixation d’objectifs et divulgation
La définition d’objectifs solides et la création de rapports transparents sont essentielles à la conduite des programmes de décarbonation. Des géants des télécommunications comme Vodafone et Deutsche Telekom ont rejoint le Initiative des objectifs basés sur la science, s’engageant sur des objectifs de réduction des GES conformes à la science du climat. Plusieurs entreprises soutiennent également le cadre du Groupe de travail sur les informations financières liées au climat (TCFD) qui couvre les risques et opportunités climatiques.
La divulgation publique via des rapports sur le développement durable permet d’examiner les progrès et d’effectuer des analyses comparatives dans l’ensemble du secteur. La divulgation montre comment les entreprises intègrent la durabilité dans la gouvernance, la stratégie et la gestion des risques. Il met également en évidence le lien entre les réductions d’émissions et la croissance commerciale, soulignant ainsi l’analyse de rentabilisation des investissements ESG.
Tendances en matière de politique réglementaire
Les régulateurs jouent un rôle essentiel dans la promotion des normes de durabilité dans le secteur des télécommunications. Par exemple, les nouvelles réglementations de l’Ofcom exigent que les opérateurs de télécommunications britanniques rendent compte de leurs émissions, fixent des objectifs fondés sur des données scientifiques, améliorent l’efficacité énergétique et achètent des énergies renouvelables. Le Green Deal de l’UE et Adapté à la législation 55 également imposer des responsabilités contraignantes en matière de réduction des émissions aux gestionnaires de réseaux.
De telles mesures politiques obligent les entreprises de télécommunications à prendre des mesures concrètes en faveur du climat. Les régulateurs doivent trouver un équilibre entre permettre des investissements durables dans les réseaux de nouvelle génération tout en offrant une connectivité abordable pour tous. Les incitations fiscales en faveur des progrès ESG pourraient constituer d’importants leviers politiques à l’avenir.
Collaboration à travers l’écosystème
Réaliser une réduction substantielle des émissions nécessite en fin de compte une action collective dans l’ensemble de l’écosystème des TIC. Les opérateurs de télécommunications doivent impliquer les fournisseurs d’équipements, les sociétés de cloud computing, les sociétés de tours, les fournisseurs de services publics, les associations industrielles et les organismes de normalisation pour conduire la transformation à l’échelle du système.
Les plateformes multipartites comme GSMA et Joint Audit Cooperation aident les entreprises de télécommunications à collaborer sur un approvisionnement responsable, des évaluations du cycle de vie des produits et d’autres initiatives de développement durable. Dans l’ensemble, le renforcement de la coopération tout au long de la chaîne de valeur technologique sera essentiel pour aligner l’industrie sur les objectifs climatiques mondiaux.
Le secteur des télécommunications recèle un énorme potentiel pour soutenir les efforts mondiaux de décarbonation grâce à des pratiques commerciales responsables. Les principaux opérateurs relèvent le défi en mettant en œuvre des stratégies ESG globales avec des engagements audacieux en matière de réduction des émissions. Néanmoins, le rythme des progrès doit s’accélérer considérablement pour réduire l’empreinte carbone de l’industrie. Aborder la question du développement durable nécessitera une innovation, des investissements et une collaboration considérables dans les écosystèmes de télécommunications du monde entier dans les années à venir.
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