Apple est la première entreprise accusée d’avoir enfreint les règles de la loi sur les marchés numériques (DMA) de l’Union européenne. Cet événement historique constitue une évolution significative dans les efforts en cours visant à réguler les marchés numériques et à garantir une concurrence loyale au sein de l’UE. Le DMA, entré en vigueur en mars 2023, vise à freiner la domination du marché des grandes entreprises technologiques, en garantissant aux petites entreprises la possibilité de rivaliser équitablement. Les violations présumées de ces règles par Apple mettent en évidence les défis persistants dans la réalisation de ces objectifs.
Vice-président exécutif de la Commission européenne EU Fit for Digital Age et commissaire chargé de la concurrence Margrethe Vestager a partagé la nouvelle avec les mots suivants sur X :
Aujourd’hui, nous ouvrons un nouveau dossier + nous adoptons des conclusions préliminaires contre @Pomme dans le cadre du DMA.
Nous craignons que le nouveau modèle commercial d’Apple rende trop difficile pour les développeurs d’applications de fonctionner comme des marchés alternatifs et d’atteindre leurs utilisateurs finaux sur iOS.
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– Margrethe Vestager (@vestager) 24 juin 2024
Que défendait la loi sur les marchés numériques ?
Le DMA a été introduit par la Commission européenne en tant que cadre réglementaire visant à remédier au déséquilibre de pouvoir entre les grands « gardiens » du numérique et les petits acteurs du marché. Ces contrôleurs d’accès, définis par l’UE comme des entreprises ayant un impact significatif sur le marché intérieur, fournissant un service de plateforme de base et ayant une position bien établie et durable, sont soumis à des obligations spécifiques en vertu du DMA. Ces obligations consistent notamment à garantir que les petites entreprises puissent fonctionner et rivaliser dans des conditions équitables sans être soumises à des pratiques déloyales de la part des contrôleurs d’accès.
Nouvelles règles de l’App Store d’Apple, mêmes vieilles préoccupations pour les développeurs
Apple, l’une des entreprises technologiques les plus influentes au monde, a été désignée comme gardien en raison de sa présence importante sur le marché et de son contrôle sur son App Store. L’App Store est une plate-forme essentielle pour les développeurs d’applications, leur donnant accès à des millions de clients potentiels. Cependant, les règles régissant l’App Store ont fait l’objet d’un examen minutieux, avec des allégations selon lesquelles elles entravent une concurrence loyale et limitent la capacité des développeurs à atteindre les consommateurs via des canaux alternatifs.
Violations présumées du DMA par Apple
Les conclusions préliminaires de la Commission européenne indiquer que les règles de l’App Store d’Apple enfreignent les DMLA. Plus précisément, la Commission a fait part de ses inquiétudes concernant les pratiques de « pilotage » d’Apple. Dans le cadre du DMA, les développeurs devraient être en mesure d’informer les clients des options d’achat alternatives en dehors de l’App Store, y compris des options moins chères. Cependant, les règles actuelles d’Apple empêchent les développeurs de fournir ces informations dans leurs applications. Cette limitation empêche les développeurs de communiquer librement avec leurs clients sur les offres alternatives.
De plus, les conclusions de la Commission suggèrent que le processus de « link-out » d’Apple, qui permet aux développeurs d’inclure dans leur application un lien redirigeant les clients vers une page Web pour effectuer un achat, est trop restrictif. Les conditions imposées par Apple à ces liaisons sont considérées comme des obstacles à une communication et à une concurrence efficaces. Par exemple, il est interdit aux développeurs de promouvoir des offres ou de conclure des contrats via leurs canaux de distribution préférés, ce qui limite leur capacité à atteindre efficacement les consommateurs.

La Commission a également souligné que les frais Pomme les frais facturés aux développeurs pour les achats effectués dans les sept jours suivant un lien depuis l’application sont excessifs. Ces frais vont au-delà de ce qui est considéré comme nécessaire pour la rémunération d’Apple, imposant une charge financière supplémentaire aux développeurs et les dissuadant potentiellement d’utiliser des canaux alternatifs pour atteindre leurs clients.
Nouvelles enquêtes de non-conformité
Outre les conclusions préliminaires sur les règles de pilotage d’Apple, la Commission européenne a ouvert une nouvelle enquête de non-conformité sur les conditions contractuelles d’Apple pour les développeurs. Cette enquête se concentre sur les « frais de technologie de base » d’Apple et sur d’autres nouvelles exigences que les développeurs doivent respecter pour accéder à certaines fonctionnalités activées par le DMLA. Les frais de technologie de base, qui facturent aux développeurs 0,50 € par application installée, sont à l’étude pour déterminer s’ils sont conformes aux exigences de nécessité et de proportionnalité du DMA.
L’enquête examinera également les étapes requises par les utilisateurs pour télécharger et installer des magasins d’applications ou des applications alternatives sur les iPhones. Le processus en plusieurs étapes d’Apple et les différents écrans d’information affichés aux utilisateurs au cours de ce processus peuvent créer des obstacles qui entravent la mise en œuvre efficace des dispositions du DMA. De plus, les critères d’éligibilité que les développeurs doivent remplir pour proposer des magasins d’applications alternatifs ou distribuer des applications directement à partir du Web seront évalués pour vérifier leur conformité avec le DMA.
Ces enquêtes reflètent l’engagement de la Commission européenne à faire respecter le DMA et à garantir que les contrôleurs d’accès comme Apple respectent ses exigences. Le résultat de ces enquêtes pourrait avoir des implications significatives sur les pratiques commerciales d’Apple et sur le paysage plus large du marché numérique.
Contexte et implications
La désignation d’Apple comme contrôleur d’accès et les enquêtes qui ont suivi s’inscrivent dans le cadre d’un effort plus large de la Commission européenne visant à réglementer les marchés numériques et à promouvoir une concurrence loyale. Aux côtés d’Apple, d’autres grandes entreprises technologiques telles qu’Alphabet, Amazon, Meta et Microsoft ont également été désignées comme contrôleurs d’accès et sont soumises aux obligations du DMA. Ces entreprises contrôlent des plateformes numériques clés qui servent de passerelles pour les entreprises et les consommateurs, ce qui rend leur conformité au DMA cruciale pour atteindre ses objectifs.

Les sanctions potentielles en cas de non-respect du DMA sont sévères. La Commission européenne peut imposer des amendes allant jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial total d’un contrôleur d’accès, avec la possibilité de porter ce montant à 20 % en cas d’infractions répétées. En cas de non-conformité systématique, la Commission peut également imposer des mesures correctives supplémentaires, telles qu’exiger la vente de parties de l’entreprise ou interdire au contrôleur d’accès d’acquérir de nouveaux services liés à la non-conformité.
En tant que première entreprise accusée d’avoir violé le DMA, le cas d’Apple sera étroitement surveillé par les régulateurs, les parties prenantes de l’industrie et d’autres gardiens. L’issue de cette affaire pourrait créer un précédent quant à la manière dont le DMA est appliqué et façonner l’avenir de la réglementation du marché numérique dans l’UE. Cela souligne les efforts continus visant à créer un marché numérique juste et compétitif, où les petites entreprises ont la possibilité de prospérer sans être étouffées par la domination de quelques grands acteurs.
Crédit image en vedette: Emre Cıtak/Générateur d’images Bing